Associations : quelles postures politiques ?

En Présence de Jean-Louis Laville, Professeur au CNAM, chercheur aux laboratoires LISE et IRESCO (CNRS)

 

Une pensée dualiste

Les débats politiques et économiques ont été centrés pendant le XXe siècle sur l’opposition ou la complémentarité entre marché et État. En ce début de XXIe siècle, beaucoup d’analyses restent encore très formatées par cette pensée dualiste. L’une des conséquences en est la dévalorisation des associations abordées soit comme des entreprises en déficit de rationalisation, soit comme des administrations en manque de financement.
 

L'invité, Jean-Louis Laville

Membre du laboratoire interdisciplinaire de sociologie économique (LISE), Jean-Louis Laville est professeur du Conservatoire des arts et métiers (CNAM), où il est titulaire de la Chaire « Économie solidaire » et enseigne dans le cadre du Master Sciences du travail et de la société « Ressources humaines et sociologie », et chercheur à l’Institut francilien Recherche Innovation Société (IFRIS), où il coordonne l’axe « Innovation sociale » du LabEx SITES (Laboratoire d’Excellence Sciences, innovation et techniques en société) consacré à l’innovation. Également coordinateur européen du Karl Polanyi Institute of Political Economy, il est membre fondateur et secrétaire général du réseau européen EMES (qui doit son nom à son premier programme de recherche, sur « l’émergence des entreprises sociales en Europe ») qui organise des activités scientifiques internationales régulières sur l’innovation sociale, et du réseau sud-américain RILESS (Réseau de Chercheurs Latino-américains sur l’Économie Sociale et Solidaire).
 

Le lien social au-delà du contrat

Les travaux de Jean Louis Laville amènent à penser le lien social au-delà du contrat, donc à se revendiquer d’un anti-utilitarisme qui réfute deux postures sociologiques symétriques. Une sociologie qui avalise l'ordre existant en négligeant les forces instituantes promotrices d'une plus grande justice d'une part, une sociologie focalisée sur la critique qui s'arroge le monopole de la lucidité d'autre part. En effet la première aborde les associations uniquement comme des organisations privées dans lesquelles l'analyse des stratégies d'acteur/trices occupe toute la place au détriment de la reconnaissance de l'expression politique comme de la dimension publique de l'action collective. Quant à la seconde, elle fait preuve d'un étatisme affiché ou implicite quand elle dénonce le monde associatif comme un service public au rabais.
 

Thématiques abordées

En présence de Jean Louis Laville le département de Formation Continue (UFR de Sociologie, Anthropologie et de Science Politique) en Partenariat avec le réseau RMI69 qui englobe une trentaine d’associations de l’insertion professionnelle ouvre la perspective d’une réflexion sur trois thématiques fondamentales :

• Les valeurs « associatives » de nos structures et les valeurs que nous défendons dans nos actions au quotidien ;
• Les professionnel.les : quel est aujourd’hui le sens que trouve ces professionnels à travailler dans le champ de l’insertion et en particulier sous statut associatif ? Comment sont-ils en adéquation avec les valeurs des structures et les attentes des usagers ?
• Les usager.es de nos structures : comment perçoivent-ils nos organismes ? qu’en attendent-ils ?